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LA GRATUITE DES TRANSPORTS

En 10 ans (2011-2021), la gratuité des transports en commun a fait son chemin à Clermont-Ferrand. Ainsi, le samedi 4 décembre dernier, elle a franchi une première étape de concrétisation avec la gratuité des transports le week-end dans toute la métropole. Les communistes, avec leurs élus, ont fait la preuve que « c’est possible ».
On peut, à force de travail militant, ancrer dans le paysage politique local des idées de transformation sociale.
On peut, à force de travailler à convaincre les partenaires de gauche, faire adopter des mesures qui font du bien à la population. La gratuité des transports, avec son premier aboutissement victorieux, c’est du « communisme déjà-là », un point d’appui formidable pour l’ensemble des combats que nous menons.
Retour sur 10 ans de bataille politique avec Cyril Cineux, adjoint aux transports à Clermont-Ferrand.

Quel a été l'événement déclencheur de la réflexion sur la gratuité des transports à Clermont-Ferrand ?


Deux choses ont fait prendre corps à cette idée. D’abord, il y a la grève des agents de T2C à la fin de l’année 2011, qui contestent l’entrée au capital de RATP Dev. À l’époque, la CGT alerte les élu·e·s communistes du conseil municipal car le statut public de la régie des transports clermontois est menacé. L’ampleur du mouvement pousse RATP Dev à renoncer au projet. Cette victoire met les transports au cœur des discussions, d’autant plus que depuis déjà 2 ans (2009), les transports de l’agglomération d’Aubagne sont gratuits. Une mesure communiste qui fait parler d’elle.


Et puis il y a la nécessité de se projeter vers les élections municipales avec l’ambition d’améliorer la vie des gens, ici et maintenant, tout en inscrivant ce mouvement dans une perspective plus vaste de transformation sociale profonde. « L’humain d’abord », c’est-à-dire l’humain avant l’argent, qui doit être au service des besoins de la population, c’est du communisme municipal.


Ces événements provoquent des discussions et nourrissent des réflexions. C’est en 2013 que la mesure est formulée en termes politiques. Avant que je devienne adjoint aux transports en 2014 et que s’ouvre une période où la proposition politique se confronte aux questions pratiques de financement.


Quels arguments ont été mobilisés pour défendre la mesure ? Et comment la mesure a-t-elle été popularisée ?


Au fur et à mesure des débats, le faisceau des arguments grossit. Celui de l’amélioration du pouvoir d’achat grâce à la gratuité s’impose tout de suite. Ainsi que celui de la baisse de la pollution de l’air, du fait de la possibilité pour plus de monde de prendre le tram et le bus plutôt que la voiture. Puis viennent des arguments nés de l’observation et de l’expérience des villes qui ont mis en œuvre la gratuité, et qui sont parfois de droite ! Ces villes mettent par exemple en avant que la gratuité des transports favorise le développement économique des centres-villes, mais aussi la rentabilité de l’argent public, qui n’est pas une expression familière pour les communistes. Or les infrastructures de transports sont coûteuses : augmenter la fréquentation des transports, en effet, les rend plus rentables.


Et puis il y a aussi l’argument de la baisse des incivilités. C’est souvent le contraire que brandissent les détracteurs de la gratuité, soi-disant parce que l’usager serait moins respectueux de ce qu’il ne paie pas. Aucune étude n’a jamais démontré ça. Au contraire, quand on évacue les rapports d’argent, on pacifie l’espace public que constituent les bus et les trams.


La lecture des rapports du cabinet d’études VIGS, qui accompagne la communauté urbaine de Dunkerque dans son passage à la gratuité, est aussi très instructive, notamment du point de vue de la méthode : d’abord la gratuité le week-end, avec un renforcement du réseau existant pour qu’il soit capable d’accueillir plus de voyageurs, puis la gratuité totale.


Enfin en 2017, en vue des élections législatives, les communistes organisent un atelier à Polydome pour travailler, avec des citoyens, à l’écriture collective d’une proposition de loi. C’est pendant cet atelier qu’un conducteur de bus à T2C et camarade syndicaliste avance l’argument de la baisse de la pollution sonore : davantage de transports en commun, c’est moins de voitures donc moins de bruit en ville.


Quels ont été les étapes politiques de cette bataille ? Qui a-t-il fallu convaincre ?


La gratuité, quand on y regarde de plus près, est une idée profondément communiste et un puissant outil de transformation sociale. Mais ce n’était pas évident au départ parce qu’une tarification sociale est en vigueur. Mais ce système est trop imparfait pour qu’on s’en satisfasse. De nombreuses personnes ignorent cette tarification ou renoncent à faire les démarches nécessaires pour en bénéficier. À quoi bon la maintenir si les personnes qui en ont le plus besoin n’y recourent pas ? Le non-recours aux droits est la marque d’une politique publique qui a échoué.


Une fois convaincus nous-mêmes du bien-fondé de la gratuité des transports en commun, et convaincus que cette mesure est gagnable par la mobilisation des militant·e·s et des élu·e·s, il reste à convaincre les partenaires de gauche au sein de la municipalité et, plus difficile encore, convaincre les maires de la métropole !


C’est une chose de convaincre une majorité de gauche (avec l’inscription de la gratuité le week-end avec l’horizon de la gratuité totale dans le programme des municipales de 2020), c’en est une autre d’aller chercher une majorité plus large à l’échelon métropolitain. Ça n’a donc pas seulement été un exercice de rapport de forces, mais bien un travail de conviction et d’argumentation qui a permis d’obtenir un vote unanime au comité syndical du SMTC en octobre dernier, où siègent des élus de droite en tous genres, puis un vote largement majoritaire au conseil métropolitain du mois de novembre.


« Qu’il me soit donnée ici l’occasion de saluer Cyril Cineux et l’ensemble des élus communistes qui ont été les premiers, dès 2013, au sein de notre majorité municipale, à porter ce projet de gratuité des transports. Parfois, la conviction et la constance paient en politique. Ce sont d’abord eux qui ont convaincu chacun d’entre nous par leur engagement ferme, constant et très justement argumenté de l’importance et

de la vertu d’une telle mesure. »

Jérôme Auslender (groupe Génération·s) au conseil municipal du 9 novembre 2021


Quels obstacles restent à lever ?


L’expérimentation de la gratuité des transports le week-end va permettre de lever les doutes, les inquiétudes, les oppositions au bien-fondé de la mesure : hausse de fréquentation, nouveaux usagers, baisse du recours à la voiture, développement des mobilités actives…


La question du financement va être cruciale, c’est d’ailleurs elle qui était au cœur de l’atelier législatif en 2017, les débats ayant permis l’élaboration d’une proposition de loi visant à encourager la gratuité des transports collectifs urbains et périurbains, déposée à l’Assemblée nationale par notre député André Chassaigne la même année.


Que nous apprend cette bataille pour la gratuité ?


D’abord, très concrètement, elle nous apprend que la gratuité des transports, c’est bien plus que du transport, et que la politique publique du transport est aussi sociale, écologique, économique. Elle nous apprend qu’un réseau de transports gratuit performant permet de transformer la ville en nous poussant à repenser le partage de l’espace public, aujourd’hui accaparé par la voiture.

Et puis elle nous enseigne qu’on est capable de gagner une bataille politique et de rendre nos idées majoritaires.


Le numéro de cette semaine de l’HD contient un dossier sur la bataille des communistes de la métropole clermontoise pour la gratuité des transports. La fédération met à la disposition des camarades une centaine de journaux à diffuser auprès de la jeunesse, des sympathisants, des adhérents non-abonnés, etc.




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